Film... Brooklyn, un film « guérilla »
Brooklyn raconte l’histoire de Coralie (interprétée par la rappeuse KT Gorique), une jeune femme passionnée de hip-hop, qui quitte la Suisse après une énième embrouille avec son père.
Elle emménage à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où elle trouve un petit job dans une association musicale. Très vite, elle est repérée pour ses talents de rappeuse et s’impose dans la scène rap locale, sous le pseudo de Brooklyn.
Quand on lui demande de présenter son premier long-métrage, Pascal Tessaud parle d’un film « guérilla ». Tout a été fait en osant, bricolant et s’adaptant :
« Pour les scènes de rue, c’était beaucoup plus discret de filmer avec un appareil photo autour du cou ; les piétons et les policiers ne font pas attention à nous, ça offre un champ totalement ouvert, on peut filmer n’importe où, sans aucune autorisation. »
L’aventure a commencé avec une collecte sur un site de financement participatif. Elle s’est poursuivie avec un casting original, qui regroupe des acteurs locaux non professionnels et d’autres avec une solide expérience du cinéma, à l’image de Jalil Naciri.
Tout a été tourné à Saint-Denis, indubitablement l’une des stars du long-métrage. On est loin des images de la banlieue crispante, hostile et misérable. Le choix des plans, des angles, des personnages : sans excès d’angélisme, tout a été fait pour contrebalancer le cliché du 93 tout gris. Un parti pris assumé.
Ni encenser les bons, ni enfoncer les mauvais
A travers les aventures d’une association, de jeunes créatifs et débrouillards ou encore d’une mamie qui fume de l’herbe, il y a tout ce qui manque chaque fois qu’il est question de périphérie et de rap, en l’occurrence de la nuance et de la mesure. Ni trop encenser les bons, ni enfoncer les méchants, simplement les raconter comme ils sont.
Rêve américain
Pourquoi une actrice suisse ? Parce que le casting en France n’a rien donné de probant et que Pascal Tessaud a eu un coup de cœur pour KT Gorique, en tombant sur elle en errant sur le Web :
« Son parcours est atypique. Elle vient d’une ville de montagne, entourée de vaches et elle devient la première femme championne du monde de freestyle à New-York (2012), face à des hommes. »
A travers une histoire qui tourne autour du rap, « Brooklyn » est aussi un questionnement sur l’ambition et la réussite quand on est jeune et galérien.
Le choix du titre n’est pas anodin. Pascal Tessaud :
« Dans les quartiers, il y a une sorte de rêve américain, parfois un peu cliché. Brooklyn parle de cette ambivalence : cette fascination pour une contre-culture étrangère, tout en étant une réflexion sur l’idéologie capitaliste qui pervertit les esprits en banlieue, dans des milieux pauvres. »
Article issu de http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2015/09/04/cine-club-rue89-soiree-speciale-hip-hop-film-brooklyn-261031